Éditorial M.T.C. 62
Beaucoup de choses évoluent tant dans l’approche des situations que dans l’action éducative. Il est indéniable que le terme musicothérapie fait partie du langage courant.
Ce que nous avançons depuis déjà longtemps concernant les aspects positifs de l’utilisation des éléments constitutifs de la musique, en insistant sur le bien-être des sujets, la meilleure adaptation (socialisation), la disparition de certaines difficultés (milieu scolaire), le travail sur l’attention, la mémoire, la succession, l’échange… est maintenant parfaitement admis. On peut même ajouter que ces aspects sont compris aussi dans des domaines à l’écart de l’action sociale.
Ainsi, dans l’application relative à la gestion du stress… s’il est vrai que la musicothérapie peut très bien améliorer tout ce qui est du domaine de la relation dans une équipe, faire reprendre conscience de ses potentialités, de mieux gérer le quotidien, de favoriser la créativité, l’entreprise, quant à elle, trouve son compte dans la mesure où on peut noter l’absence de problèmes et une activité régulière. Il y a une notion de rentabilité… Mais, est-ce condamnable ?
En réalité cet aspect des choses n’est pas nouveau. Il ne faut pas oublier qu’on a pensé dès le départ, à utiliser la musique dans la sphère industrielle. Par exemple, en 1937, Wyatt et Langdon analysèrent « l’impact de la musique sur la productivité, l’ennui et la fatigue » (Contrôle. Comment s’inventa l’art de la manipulation sonore. Juliette Volcler. Éd. La Découverte/Cité de la musique).
Par suite, comme on l’a déjà souligné, il y eut des travaux réalisés aux Etats-Unis dans les hôpitaux accueillant des blessés, traumatisés de la première guerre mondiale.
Dans ce numéro, deux textes. Tout d’abord « Intégration scolaire, épanouissement de l’enfant ; la musicothérapie à l’école », suite de l’article de Cécile Aubert. L’accent est mis sur l’adhésion et la participation des sujets, choses indispensables pour obtenir de réelles améliorations. Ensuite, Salwa Nakhlé dans « Créer du lien » résume fort bien l’action : « La notion de prendre soin représente pour moi un lien fort entre mes trois métiers : infirmière, musicothérapeute et musicienne ». Une « mise en poème » Destination soi-même, de Roland Vallée nous emporte dans la musique des mots.
L’aperçu de Byblos en couverture, est à la fois un petit signe à nos partenaires Libanais et une confirmation de l’importance de la musique et des multiples usages qu’on a pu en faire. Cette ancienne cité de Phénicie nous remet en mémoire que la musique des Phéniciens « se divisa en autant de branches et forma autant de systèmes particuliers qu’il y eut de sectes. » (Fabre d’Olivet) Chaque secte donna donc un nom au peuple dominant qui adopta une musique de préférence (on trouve là l’origine des modes lydien, phrygien, dorien, ionien…) Bien entendu tout ceci était aussi en lien avec des images (faculté génératrice, liberté, nature féminine, liberté…)
Mon souhait est que, en possession de textes théoriques précis, nous donnions maintenant priorité (dans un contexte pluridisciplinaire) à la mise en pratique.
G.D.