Du rock au slam
Conférence de Sylvie Vilboux
Colloque « Le corps, le souffle, le son, la voix »
Sous la direction de Bernard Auriol, médecin psychiatre, psychanalyste
et de Michel Wolkowitsky Directeur de l’abbaye de Sylvanès, pédagogue de la voix.
18-20 mai 2012, abbaye de Sylvanès, 12230 Sylvanès.
« Le son, le souffle, le corps, la voix : aventure intérieure. » tel est le thème de ce colloque. Je tiens à remercier tout de suite Bernard Auriol de m’avoir fait l’honneur de m’inviter à participer activement en proposant pour sujet « Du rock au slam ». Étant, comme certains ici le savent, plutôt active sur scène… je me suis demandée s’il ne m’avait pas tendu un piège puisque nous allons rester assis et… inutile de vous attendre à ce que je termine en me jetant dans la foule ! En fait, je me suis rendue compte que non seulement Bernard Auriol n’avait pas voulu me mettre en difficulté mais qu’il avait trouvé là, le moyen de me permettre de fouiller en moi, à travers mon expérience et de finalement bien comprendre ce membre de phrase « aventure intérieure ».
En effet, ce sujet m’a donné l’occasion de faire le point sur mon parcours de chanteuse professionnelle après maintenant plus de 20 années d’expérience.
Dès le début de ma réflexion je me suis dit que je n’allais pas vous faire un cours d’histoire de la musique : rock, house, techno, funk, sound system, rap, ragga, hard rock, slam et pourquoi pas street danse… Tout d’abord parce que cela aurait pu tourner au pugilat dans la mesure où certains d’entre vous seraient des connaisseurs (et donc forcément des adeptes !) ou à l’ennui profond pour ceux qui n’ont pas une appétence féroce pour ces styles… J’ajoute, pour être honnête… que je n’aurais peut être pas pu traiter parfaitement le sujet.
Alors en relisant sans cesse le sujet imposé… (j’étais comme à l’école devant le devoir « vous avez quatre heures »), il s’est passé quelque chose de magique, oui, je sais, vous allez dire… bien sûr… la chanteuse elle nous fait son show… mais je vous assure que j’ai revécu toutes les transformations liées à la voix, au corps, au souffle et au son.
J’ai toujours dit à ma mère que je serais chanteuse ou vétérinaire. Ma mère, pragmatique, m’a dit « travaille à l’école ! » J’étais petite donc restais sans voix devant ma mère alors que j’aurais très bien pu lui faire remarquer qu’on pouvait aller à l’école et devenir vétérinaire ! ou chanteuse ! Alors… je suis allée à l’école… en trainant les pieds… le corps !
J’ai commencé par chanter du hard rock c’était d’ailleurs quasiment le seul style de musique que j’écoutais à l’adolescence. Le premier album que j’ai acheté à l’âge de dix ans était le double album du groupe Kiss « Alive II » sortie en 1977 avec l’aimable autorisation de ma mère. Elle fut pourtant horrifiée lorsqu’elle vit la pochette. En effet ce groupe a adopté un look particulièrement théâtral et provocateur. Ils se démarquent par ailleurs avec un maquillage intégral du visage et des costumes excentriques, ce qui les transforme en véritables super-héros du rock : Gene Simmons est le démon (The Demon), Paul Stanley l’enfant des étoiles (Starchild), Ace Frehley l’as de l’espace (Space Ace) et Peter Criss l’homme chat (Catman). Ce groupe joua sur le maquillage pour se faire reconnaître ! Gene Simmons donc le démon bassiste du groupe avait son visage peint en blanc et des ailes de chauves souris peintes en noir au niveau des yeux. Mais ce n’était pas tout ! Sur cette fameuse pochette il y avait du sang qui coulait de sa bouche ! J’avoue avoir tout de même été tout autant effrayée que ma mère mais j’ai pu je pense prendre une certaine distance lorsque j’ai ouvert ce double album. Il y avait une photo de scène incroyable, c’était le cirque ! C’est ce qui a retenu mon attention, je me suis dit « Ce groupe : il doit être fantastique ! »
Le rock et la scène sont indissociables. La prestation scénique fait partie intégrante du travail des groupes. Il faut du spectacle comme on dit ! Le spectacle pour renforcer la puissance de l’écoute. Dans le rock l’expression corporelle est très vive. Le corps est un véhicule et tout le corps de l’artiste rentre en mouvement. C’est toute une mise en scène ! Une recherche de liberté, un but spirituel indissociable du corps. Pensons à Woodstock !
Le look, la manière de se déhancher, de rentrer en mouvement fait partie au même titre que la voix de l’identité du chanteur (Mick Jagger des Rolling Stones ; Axel Rose des Guns and roses ; Tina Turner…) L’extériorisation se fait par la voix, le son et le corps. C’est une manière de manifester ses émotions. J’ai pu remarquer que le fait de porter tel ou tel vêtement sur scène influence aussi dans la manière de se mouvoir. On peut se demander si c’est le vêtement qui influence le mouvement ou l’anticipation de mouvement qui influence le choix du vêtement. Toujours est-il qu’en fonction du style dans lequel je vais chanter et donc me retrouver sur scène ma « panoplie » ne sera pas la même. Nous pouvons parler du style vestimentaire dans le Hip Hop qui sera très différent de celui du Rock : les personnes écoutant de la musique hip hop dans les années 90-00 s’habillent avec des pantalons de type jogging ou baggys, jeans larges portés généralement au niveau des fesses (en dessous ou au milieu) répandus chez les hommes. Les chaussures portées sont le plus souvent des baskets, mais également des chaussures de randonnée, à l’instar des chaussures de marque Timberland ou Caterpillar. Le port de la casquette, du bonnet ou du bandana est également répandu. Le style consistant parfois à l’incliner sur le côté ou en arrière. Certains portent également des chaînes plaqués or et/ou argent, appelés Bling-Bling (du son qu’émettent les chaînes en s’entrechoquant). Et pour les pulls le plus souvent ils portent des t-shirt amples et larges. Et même si cette tendance de porter des habits larges tend à disparaitre (pantalons plus serrés) ont peut tout à fait comprendre le lien entre le « style » et le mouvement.
Mon frère écoutait déjà AC/DC dans sa chambre. Le seul bémol c’est que j’aimais Michael Jackson et d’autres styles de musique, on pourrait parler de « hic » dans le contexte.
Pas vraiment compatible le hard rock et Michael Jackson jusqu’à que peut être la planète entende le son du célèbre solo de guitare d’Eddie Van Halen sur « Beat it » en février 1983 j’avais tout juste 11 ans.
[Je me suis sentie rassurée plus tard lorsque j’ai lu dans la presse que même Eddie Van Halen avait caché au reste des membres du groupe qu’il avait fait ce solo pour Jackson ! En effet Eddie Van Halen accepte de jouer sur "Beat it" en partie parce qu'il pense que les autres membres du groupe n'en sauront rien, tous étant absents ou en vacances à ce moment-là.
Du haut de mes 11 ans j’étais donc sauvée et soulagée de cette collaboration officielle. J’avais maintenant quelques arguments pour m’affirmer. Cela dit j’ai dû tout de même affronter quelques remarques si je peux appeler cela comme ça. Mon entourage, mon groupe d’appartenance c’est-à-dire les « Hardos » que je côtoyais, m’ont presque parlé de trahison. J’étais une « funky » comme ils disaient ! Je ne faisais pas vraiment partie du cercle. La plupart ne supportaient pas les pas de danse de Jackson ainsi que son look, le jugeant trop efféminé et probablement pas assez rock n roll. Alors pas vraiment compatible le hard rock et Jackson ? Il fallait supposer que nous ne manifestions apparemment pas les mêmes valeurs culturelles et sociales. Il était donc plus difficile d’affirmer son appartenance au groupe, son identité encore une fois et du coup pour certains de l’accepter, de le comprendre. J’ai entendu un nombre incalculable de fois : « c’est de la merde cette musique, c’est de la soupe » !
Si nous ne sommes pas dans le son, le souffle, le corps et la voix… dans ce genre de discussion, si j’ose dire !
Ce fameux solo était pourtant la preuve d’une possible collaboration et d’une ouverture. Plus tard lors d’un séjour « musical » aux États-Unis en 1998 j’ai eu l’occasion de prendre quelques heures de cours de chant avec Tracy Lewis au MI (Musicians institute) à Los Angeles grâce à un ami Français Jean Marc Belkadi (guitariste virtuose jazz fusion) qui enseignait là-bas. Tout le monde trouva ça formidable ! Je me demande pourquoi !
Nous avons parlé de l’importance de la scène, de la mise en jeu du corps dans le rock. C’est tout aussi primordial dans le hip hop mais sous un aspect différent.
Le terme “hip-hop” peut exprimer “le fait d’élever son esprit en utilisant sa créativité, son intelligence et son potentiel physique (voix, articulations, mains, oeil, etc …) pour ouvrir de nouveaux champs artistiques et créer de nouvelles sensations”.
La danse de la culture hip-hop est associée à la musique hip-hop. Il est peut être nécessaire de préciser que la culture hip hop connaît plusieurs disciplines : le rap (ou MCing), le DJing, le break dancing (ou b-boying), le graffiti, le beatboxing. Cette musique est formée de mixes, de scratch, de samples (qui sont apparus grâce à la technologie), en plus des performances vocales comme le rap ou la beatbox (imitation de percussions par la voix). Du fait de sa constitution, la musique du hip-hop a induit différentes manières de bouger que l’on nomme le break, le locking et le popping qui peuvent comporter des saccades. Issu des communautés afro-américaines et portoricaines de New York, le hip-hop s’est développé dans les rues et on a pu assister rapidement à la formation de groupes de danseurs (crews) qui rivalisaient d’agilité dans des confrontations (battles). Ces compétitions informelles consistaient, au centre d’un cercle formé par les spectateurs et les danseurs, en une alternance d’improvisations (freestyle) entre les différentes équipes afin de déterminer qui était le meilleur et le plus spectaculaire. Le hip hop peut s’apparenter à un sport car c’est une danse très physique.Ce qui caractérise principalement la danse hip hop est le démembrement. Le corps se démembre et vous effectuez également des acrobaties. Il y a une partie debout et une partie de danse au sol qui constitue les acrobaties. Donnons comme exemple : Le Hip Hop & Street Funk.C’est une discipline de danse très « commercial ». Ce style s’est beaucoup développé avec les chanteurs/danseurs de « Pop et R&B ». C’est le type de danse que l’on voit dans leurs vidéoclips et tournées (Rihanna, Usher, Justin Timberlake, les films «Step Up» etc.…). Le Hip Hop travaille beaucoup le rythme; énormément de mouvements saccadés et beaucoup de « punch », avec un mélange de « groove ». Le Hip Hop underground est beaucoup inspiré du « Break dance », c’est un style de danse qui vient de la rue, qui est donc plus « underground ». On travaillera donc en particulier, et en profondeur la façon de faire des mouvements. Le corps doit être extrêmement « cool » et doit se décortiquer pour mieux bouger. On trouvera en autres:Hip Hop Street Funk (vidéoclip, style Usher),Hip Hop girly (un peu plus féminin),Hip Hop Krump (un peu plus agressif et masculin),Hip Hop House (plus rapide et plus énergique),Hip Hop R&B (plus lent et plus émotif),Hip Hop Robot (donne l’effet de bouger de façon plus robotique).Le travail technique consistera à améliorer le placement, le rythme, la souplesse, l’endurance, et surtout leur style. Il s’agira d’apprendre à« décortiquer » le corps. Au début, on apprend à comprendre son corps. C’est surtout une compréhension des capacités de son corps et ensuite la maîtrise de ce dernier.
Lorsque j’intègre mon premier groupe à l’adolescence (groupe de hard rock) avec des chevelus, plus chevelus que moi-même pour certains ! À l’époque les filles « ce n’était pas fait pour le Hard Rock » (il y avait pourtant quelques groupes de hard rock comme Vixen, Girlschool….), il fallait « envoyer la purée », il fallait secouer la tête (signe et preuve d’appartenance). La chevelure, la longueur des cheveux fait partie intégrante du look du hard rockeur ; Il faut secouer la tête sur scène et je suppose que tout cela contribue à mettre en valeur cette chorégraphie propre au hard rock ! Bref, j’ai quelques souvenirs de torticolis au lendemain des concerts (le corps… s’il ne parle pas… exprime !) Pour faire du rock il faut de l’énergie, s’imposer,chanter fort, chanter puissant. Un chanteur de rock avec une voix fluette n’est pas un chanteur de rock et une chanteuse de rock sans voix n’est pas une chanteuse tout court mais c’est une « pintade ». (Notons là le corps et le son !)
J’ai toujours voulu avoir une voix puissante, j’ai toujours recherché ça. Il fallait donc « envoyer » et même chanter éraillé ce qui m’a valu quelques séances de rééducation vocale. J’avoue que ce n’était pas ce que je préférais mais il fallait « correspondre à la demande ». L’amplification faisait aussi que le chant était toujours ce qu’on entendait le moins. Du coup il était nécessaire de chanter fort et puissant pour se faire entendre. C’était l’objet bien souvent de grands débats lors des répétitions très souvent mal sonorisées.
Ce que je savais c’est que je voulais gagner en tessiture mais je ne voulais pas que ma voix soit fluette dans les aigus, je voulais garder la même épaisseur, la même puissance. J’ai travaillé dans ce sens. J’avais déjà une idée en tête et comme pour un guitariste je savais le son que je voulais entendre.
Le fait de travailler par la suite avec divers musiciens et divers groupe dans différents styles m’a naturellement amené à faire des recherches vocales, des recherches de sons de voix différents, une exploration. Les séances de studio y ont été pour beaucoup car on me demandait bien souvent de faire des choses incroyables. Alors, il faut se constituer un petit catalogue : voix soufflée, voix éraillée, voix black, voix neutre, voix de jeune fille (pub), voix ultra grave, voix rock. On demande tout un tas de chose… J’ai bien failli me perdre d’ailleurs car au bout d’un moment je ne savais plus ou était ma voix même si toutefois tout ce travail a contribué à me faire avancer. J’ai tout de même pu trouver ma voix.
Ne peut-on ici s’interroger sur l’implication, le vertige, le tourbillon qui emporte… de multiples exemples dramatiques que les personnes n’arrivent pas à comprendre nous mettent la puce à l’oreille… du rock au slam… avec beaucoup de drames.
J’ai donc travaillé en studio mais, comme il faut bien gagner sa vie, on se retrouve quelque fois à chanter des choses qu’on n’aurait jamais imaginées ! Lorsque je chantais du hard rock on me demandait pourquoi je ne chantais pas du blues ou du jazz et lorsque j’ai fait du jazz et de la soul on me demandait pourquoi je ne chantais pas du rock !? Du rock au slam… un aller-retour !
Lorsque je travaille ma voix je me laisse guider par le son c’est-à-dire le son qui sort et qui me plaît et puis je le répète, je le travaille. C’est le son produit par la voix en fait qui influence mes choix : c’est ce qui me plaît qui sort de ma voix que je garde et que je retravaille. L’expérience intérieure me laisse penser qu’il y a un petit fond narcissique !
Lorsque j’ai souhaité travailler ma voix je n’avais pas d’autre choix que de prendre des cours de chant lyrique car il était difficile de trouver un professeur de chant correspondant à la manière dont j’avais à utiliser ma voix.
Ces cours ont été particulièrement bénéfiques mais il a encore fallu que j’adapte cette technique de chant à mon univers musical.Plus jeune je travaillais plus en appliquant la technique vocale pure. Du coup, je me suis posée beaucoup de questions et fait beaucoup de blocages voire quelques complexes même si j’avais conscience qu’il est nécessaire et indispensable de travailler sa technique vocale. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai du faire un mix de mes explorations vocales et de la technique de chant lyrique, une applicationde ces deux paramètres menant à mon sens vers un équilibre (le travail de la voix en musicothérapie, je pense y a été pour beaucoup aussi par la suite) Comme dit l’autre… c’est mon avis et je le partage !
On peut remarquer que des techniques de chant bien particulières se sont développées.
À titre d’exemple pensons aux poussées ultra-aiguës typiques du hard rock à la manière des Led zeppelin et Deep purple, saturation (AC /DC), la voix puissante de Robert Plant.
Les techniques vocales utilisées dans le métal par exemple varient grandement d’un groupe à l’autre. L’habileté vocale des chanteurs peut s’observer aussi bien dans les voix théâtrales couvrant plusieurs octaves de Rob Halford (Judas Priest) et de Bruce Dickinson (Iron Maiden) que dans les techniques vocales volontairement bourrues de Lemmy Kilmister (de Motörhead).
Le death metal utilise le grognement ou le rugissement comme émission vocale. Le grunt ou death growl « grognement de la mort » est une technique vocale qui confère à la voix un timbre guttural et caverneux. (Le growl est en jazz un procédé vocal et sonore qui exprime un grognement comme la voix de Louis Armstrong ou le gloussement des oies. On le fait en utilisant la technique du soufflé-chanté c’est-à-dire moduler sa voix en contractant les muscles de la gorge en même temps que l’on souffle dans son instrument).. Il est plutôt rare que les grunts soient obtenus avec des effets divers de voix. La quasi-totalité des vocalistes du genre les produisent avec leur propre voix. Des professeurs de technique vocale enseignent différentes techniques. Il existe plusieurs sortes de grunt: le Growl, le Grunt et le Pig Squeal (c’est le cri du porc)
Toutes ces expériences sur la voix, ces explorations, ces rencontres voire découvertes n’amènent-elles pas à réfléchir sur la pédagogie de la voix concernant les musiques actuelles ?
En parlant de musiques actuelles, quand on parle de voix, et du rock au slam, avec toute la technique moderne on ne peut ignorer le jeu avec le micro. On peut aussi jouer avec les effets appliqués sur la voix. On ne chantera pas de la même façon en studio avec un casque sur les oreilles, sur scène avec un micro, ou a capella ou avec tel ou tel effet.
Le sonorisateur, l’ingénieur du son vont jouer un rôle très important. En effet, on peut se casser la voix avec un mauvais ingé-son s’il ne retranscrit pas ce que l’on chante vraiment (par exemple avec un usage abusif du compresseur.) Cela dit il est absolument nécessaire de maitriser sa technique vocale et de savoir utiliser un micro. L’ingénieur du son n’est pas un magicien !
On peut se sentir, lors d’un enregistrement ou d’une prestation sur scène, particulièrement frustré si l’intention, l’émotion n’a pas été respectée par l’ingénieur du son. On pourrait s’interroger sur le rapport machines/humains dans la musique. Bien que fervents défenseurs de l’amplification par exemple dans le rock (électricité et donc guitare électrique oblige !) il y a tout de même un équilibre à trouver entre la machine et l’humain pour ne pas que cette expression, cette communication soit coupée, interrompue.
Alors que je préparais cette communication, j’ai rencontré, Say Soon, ingénieure du son qui aime qu’on l’appelle « technicienne du son ». Elle m’a expliquéqu’on peut parfois parler d’isolement et c’est presque tout le contraire de la finalité. Certes, l’artiste aime être dans sa bulle mais la finalité c’est tout de même l’ultime échange au moment du live par exemple ! Alors il faut comprendre l’artiste, le chanteur. Il faut que l’artiste soit bien. Les imperfections supposées de l’artiste ne sont pas à prendre en compte de manière négative. Elles font partie du style de l’artiste. Il est nécessaire de comprendre l’univers du groupe, de l’artiste et pour le technicien son il est primordial de respecter cela. Cela représente le respect du son de l’autre. Ne pourrait-on pas parler du respect, de la reconnaissance de la vibration de l’autre ? Mais alors comment procéder ?
Pour cela, me dit-elle, il faut parler, dialoguer. Je travaille l’acoustique, je fais jouer ou chanter l’artiste sans mettre de micro, sans rien. Je vais déjà écouter « comment ça sonne ». Mais il faut préciser que dans le traitement de son il y a aussi des normes. Il faut faire à ce niveau là un minimum de travail et de correction sinon on risque de faire mal aux auditeurs (par exemple un travail trop poussé sur les infrabasses), on risque d’abimer l’ouïe et la musique par la même occasion. Respecter la technique du son est important.
On pourrait dire que comme l’instrument est le prolongement du corps l’amplification est d’une certainement manière aussi le prolongement de l’expression de l’artiste. On pourrait alors presque dire que c’est un instrument. « J’aime me servir des machines mais j’aime les humains et surtout les voix. On s’est aperçu qu’en isolant le chanteur (pour un enregistrement !) il sera plus facile de retranscrire le souffle de l’émotion que par exemple dans une prise live. En live tu profiteras moins de ce souffle. Je pense à Barbara qui avait une respiration forte… aujourd’hui on s’amuse à couper toutes les respirations, tous les souffles on a plus rien !Hop c’est propre et puis voila. C’est moche ! La personne respire, nous sommes des êtres humains et on a ce souffle magnifique qu’il faut entendre. »
Corinne Schneider, musicologue et professeur d’histoire de la musique au Conservatoire National de Région de Paris nous dit en parlant des différentes manières de gérer le souffle lors de l’émission vocale :
« Contrairement au goût occidental qui tend à vouloir supprimer du chant tout “bruit” lié à l’écoulement de l’air, la plupart des musiques ethniques cultivent le souffle, et parfois même de façon extrêmement prononcée. Symbole de la vie dans les religions traditionnelles, le souffle est rendu audible car il garantit l’origine humaine de la musique. » Corinne Schneider, Chant du Monde : Les voies du chant, (Gros plan-Collèges-Lycées), Paris, cndp, 2001.
Nous voyons bien là qu’en parlant du son et de la musique on parle d’identité, de communication, de partage, de respect, d’isolement, d’espace, d’expression, de reconnaissance, de vibration, de souffle, d’émotion, de liberté, de place… ça me fait penser à la musicothérapie !
Plus tard j’intègre un autre groupe : Les Zéléfants (reprises de Maceo Parker, Otis redding , Tower of power, James Brown….). Un groupe composé de neuf musiciens (batterie, basse, clavier, guitare, chanteur chanteuse, saxophone, trompette et trombone)
C’est ma réelle première expérience en dehors du rock. La nous sommes dans le rythm and blues, la soul music, le funk, la soul jazz. Dans ce style de musique je peux aussi chanter avec une voix puissante comme dans le rock et je ne suis pas dépaysée ! Avec le groove en plus (bien que certains groupe de hard rock groove (comme Aérosmith ou Van Halen par exemple). En plus pas besoin de chanter forcément éraillé. Pas forcément mais tout de même un peu si on fait référence à James Brown ou Tina Turner par exemple. Mais dans ce style la voix peut être plus suave. En plus il y a le groove et je peux danser et non plus secouer la tête en permanence. Le corps ! Il est moins morcelé pourrait-on dire mais on pourrait aussi dire qu’enfin… il est mis en jeu en entier.
Dans ce style les chœurs sont tout aussi puissants que la voix lead et la voix timbrée est de rigueur ce qui sera différent en variété où dans ce cas, par contre, il ne faut pas que les chœurs prennent trop le dessus.
D’ailleurs à ce sujet j’ai rencontré parfois quelques difficultés en studio ou sur scène lorsque j’ai chanté dans des styles autres que soul ou rock car les voix sont détimbrées et du coup il faut aussi faire de même pour les chœurs afin qu’elle ne soit pas trop présente. Ce n’est plus une histoire de volume, c’est une histoire de timbre. Donc il est arrivé que quelque fois ma voix ne s’accorde pas avec celle de l’artiste en matière de chœurs .Une autre fois on m’a demandé de faire une pub pour une marque de vêtements pour les jeunes. Il fallait des voix très « fraiches » une « voix spontanée » en fait presque une voix d’adolescente. Avec ces mots là et ces indications il faut se débrouiller pour répondre à la demande alors on trafique sa voix, son timbre. C’est une véritable recherche, une véritable exploration. Quelque fois c’est impossible à réaliser car même si on peut travestir sa voix il y a tout de même une limite, on ne peut pas chanter comme quelqu’un d’autre.
Par la suite j’ai intégré une troupe qui reprenait la comédie bien connue Starmania dans laquelle je jouais le rôle de Sadia et de Stella Spotlight. Affaire assez complexe quant à l’identité du personnage, on dirait maintenant du « genre ! »
Déjà que je pensais être un caméléon à la voix cette situation n’a pas arrangé les choses ! « Aventure intérieure » comme le souligne si bien l’intitulé du colloque !
Sadia est représentée comme une rockeuse (coupe de cheveux hirsute ! Look androgyne et déjanté). Là on me demandait de faire quelques pirouettes. J’arrivais en courant et je faisais une rondade, je bousculais tout le monde, je montais sur un bar, une passerelle… (Je voulais le faire en entrant ici mais Bernard Auriol m’a conseillé la prudence… les années ont passé !) Du grand show à la David Lee Roth avec une once de Kiss ce qui n’était pas fait pour me déplaire ! Il m’a fallu apprendre à gérer le souffle à cause de toute cette activité physique voire sportive à combiner avec le fait de chanter.
Mais alors… c’est quoi être rock n roll ?
C’est une vaste question. Une façon de penser, de vivre.Essayer de vivre différemment, opté pour un coté plus instinctif de la vie moins intellectualisé. Il y a le son, la guitare électrique. On peut jouer du jazz ou de la musique classique et être rock n roll. Joey Starr est rock n roll. Le Spiderman français, Alain Robert, qui escalade sans corde de sécurité la plus haute tour de France, la tour First qui culmine à 231 mètres de haut est rock n roll. Édith Piaf et Brel étaient rock n roll .On peut faire du rock et ne pas être rock n roll ! Être rock n roll, peut être une définition de l’artiste aujourd’hui ?
C’est l’esprit « cool » qui convient le mieux ? L’esprit rebelle ?
À mon avis, l’esprit rock c’est l’indépendance en tout domaine (artistique, professionnel, moral…).
Dans les sixties et les seventies, des gens ont essayé d’utiliser le rock’n’roll pour faire passer leurs messages idéologiques. Tout le mouvement hippie est allé droit au cul de sac. Au lieu d’être un reflet de son public, le rock est devenu un reflet de la personnalité de ses groupes. (Phil Lynott, Thin Lizzy, 1982)
Il me semble utile de citer Elvis, l’incontournable :
« Le rock and roll existe depuis un moment. Avant, on appelait ça le rythme and blues. C’était déjà un truc formidable. C’est devenu encore plus énorme. On a alors prétendu qu’il exerçait une mauvaise influence sur les jeunes. Pour moi, le rock n’est rien d’autre que de la musique. Et je suis persuadé qu’il est là pour un bout de temps. Ou bien il faudra trouver quelque chose de très fort pour le remplacer. » Ce qui sera confirmé par Roger Glover (Deep Purple)
« Les années 70 c’était une époque magique. La musique était plus importante que le business. Le rock était un nouveau courant, libre et très créatif. Nous avions à cœur d’être de bons musiciens. Je crois que c’est ce qui a fait le succès de Deep Purple, être des musiciens, avant tout. ».
Tout le monde parle du rock à cette époque. Le problème est qu’ils oublient de parler du roll. (Keith Richards, The Rolling Stones)
Oui le roll et donc le groove. Cette fameuse interprétation du rythme ! Tout aussi difficile à définir que le rock n roll.
En tant que professionnelle aussi j’ai observé cela. S’éclater sur scène, faire un bon show, faire bouger la foule, être bon musicien, bon chanteur, avoir le look… Nous n’avions que cela en tête.
Je n’ai pas eu à me droguer ou à devenir alcoolique pour faire du rock n roll et même tout simplement de la musique.
L’esprit Rock c’est pour moi aujourd’hui savoir prendre du recul sur les choses, relativiser, ne pas se prendre au sérieux. Ne pas se prendre au sérieux ne veut pas dire dénué de sens, d’intérêt, de qualité. L’esprit rock : l’esprit cool serait pour moi peut être la meilleure des définitions.
Ma première expérience dans le monde du rap fut assez bouleversante. Je faisais des séances de chœurs au studio polygone à Toulouse pour divers artistes et un jour je fus appelée pour travailler avec des rappeurs. Plus précisément sur l’album solo de Sat « l’artificier » membre du groupe Marseillais Fonky Family et qui venait de faire un carton avec leur album « Art de rue ». Je me suis posée quelques questions ne connaissant pas vraiment de très très près cette culture. Il s’agissait sur le projet en question cette fois ci plus d’une collaboration que d’une séance de Chœurs. C’est-à-dire qu’il fallait participer à la composition. Il fallait sur un instrumental chercher une mélodie, un rap avait déjà été posé par ailleurs. Il n’était donc pas question que je rappe fort heureusement ! Là, encore une fois je trouve des personnes passionnées. Comme j’ai pu passer au total quelques jours avec toute l’équipe, j’ai eu le temps de plonger dans cette atmosphère.
Au studio polygone, les artistes venaient enregistrer leurs albums et certains pouvaient rester sur place pendant quelque temps à la « résidence ». La résidence c’était aussi le lieu où tous les artistes en enregistrement se retrouvaient pour manger. Du coup, beaucoup d’échanges entre les artistes à ce moment la et de sujets de conversations divers. On pouvait se retrouver à table avec Patrick Sébastien, Joey Starr et Bernard Lavilliers !Peut être aussi pour ma part en tout cas un lieu chaleureux où l’on se retrouvait à table avec la sensation d’être en famille. Peut-être encore pour aller plus loin la sensation d’être privilégiée. Oui parce qu’il faut bien dire que tout est fait pour que les musiciens soient bien (ce que disait Say Soon plus haut mais au niveau du son). C’est-à-dire des lieux de repos (petit salon et canapés pour se détendre, télévision, piscine) un restaurant ou il y a toujours quelqu’un pour répondre à nos petites fringales soudaines d’artistes hypoglycémiques en phase de création ! Toute une organisation où tout est mis en place pour que l’artiste, libéré de toutes les contraintes puisse être à 100% . C’est tout de même du luxe il faut bien le dire !
Pour revenir avec le rap de façon plus précise j’ai pu remarquer la richesse des sujets et une certaine effervescence dans les échanges. Il y avait beaucoup d’échanges sur la politique, sur le monde, sur la vie. Les musiciens parlent souvent d’autres musiciens peuvent s’échanger des « plans » (méthodes techniques ou conseils), ce qu’ils ont travaillé, ce qu’ils font en ce moment surtout si deux se rencontrent et ne se sont pas vus depuis longtemps. Des conversations philosophiques nocturnes apparaissent souvent mais on va dire que ce n’est pas la priorité en tout cas c’est plutôt la musique qui amène à ça alors que dans le rap cette notion est omniprésente et à mon sens ce serait plus les idées, les points de vues qui mèneraient à la musique. S’en tenir à cette description serait toutefois très réducteur j’en conviens.
Baignée dans cette atmosphère je me suis posée la question de comprendre pourquoi les rappeurs de manière générale n’éprouvent pas plus le besoin de chanter car je me disais que pour ma part ce serait une extrême souffrance d’être a mi chemin entre le parlé, le chanté. Nous comprenons l’importance du texte pour les rappeurs mais comment finalement saisir cette motivation particulière de l’utilisation de la voix ? En fait lorsqu’on parle des voix des rappeurs on ne peut les décrire comme dans les autres styles c’est-à-dire en faisant référence au timbre, à la tessiture (même s’il existe bien évidemment et s’il le travaille) … c’est tout autre chose. Le rythme cet élément dans le hip hop est fondamental aussi bien dans le chant que dans l’instrumentation. On peut donc parler de cette manière d’interpréter les paroles : le « flow » qui constitue en quelque sorte leur identité vocale. C’est une émission vocale bien précise et rapper n’a rien à voir avec le fait de parler. C’est une façon d’utiliser l’organe vocal à part entière puisqu’ils prennent comme thématique le langage. C’est l’interprétation langagière des paroles qui est essentielle pour le rappeur, la communication est à ce niveau la. À travers cette interprétation on retrouve l’engagement de la personnalité. Pour un chanteur de rock ce sera peut être plus au niveau du timbre pour un rappeur ce sera le flow « le phrasé ».
En parlant des mots, j’ai eu l’occasion pour la première fois de travailler avec un parolier Français. Je chante en Anglais depuis ma plus tendre enfance, je faisais du « yaourt ». Le premier morceau que j’ai chanté (j’avais 6 ans) en « Yaourt » c’était le titre « You’re the one that I want » de la comédie musicale Grease (créée en février 1972). Mon frère me disait : « Mais comment tu fais pour chanter en anglais alors que tu ne sais pas parler anglais et que tu ne comprends rien ».
C’était très simple pour moi : cette mélodie me plaisait donc il fallait que je la chante. Alors à force de l’écouter et d’user le disque j’ai repéré les sons et je les ai tout simplement reproduits. J’ai pratiqué cette méthode très longtemps … jusqu’à ce que j’apprenne l’anglais. Je ne comprenais pas le texte mais l’interprétation et l’émotion que me procurait ce morceau me suffisait. D’ailleurs, bien plus tard j’ai appris à chanter en hébreux et ai chanté en Israël ! J’avais la traduction des morceaux et j’ai tout appris en phonétique. J’ai beaucoup apprécié les sonorités et je ne me suis pas sentie perturbée par rapport au fait de chanter en anglais. Je trouve que c’est une autre manière de voyager lorsqu’on chante que de s’appuyer uniquement sur les sonorités de la langue et non sur la compréhension et la signification du texte au fur et à mesure des mots.
D’ailleurs à ce propos on pourra remarquer la difficulté des groupes de rock français à « faire sonner » leurs textes ayant été influencés par les sonorités de la langue anglaise. J’en ai parlé avec mon ami parolier, Gérard Pinzano.
Il y a eu me dit-il, l’influence du Blues du Rock mais il faut bien le dire, de la langue anglaise. Dès que les Américains envahissent le Viet Nam, l’Afghanistan, l’Iraq, ils mettent des hauts parleurs et diffusent leur musique, et c’est une manière de coloniser le monde avec la langue universelle qui est l’anglais. Mais il y a autre chose, et c’est logique ! Lorsqu’un auditeur, ici, écoute du français aussitôt il cherche le sens. Lorsqu’on écoute de l’Anglais le sens on s’en moque complètement on écoute le rythme on recherche l’émotion. Il suffit de penser à « Born in the USA »… Dès qu’on est en français on va être bloqué par un sens. C’est pour cela que lorsque nous avons travaillé ensemble nous avons travaillé comme pour de l’anglais c’est-à-dire du son et ça devient de la phonétique. Par contre le problème c’est que ça doit quand même avoir un sens à l’arrivée. Alors quand on voit Sting par exemple qui chante « So lonely » tout le monde écoute, le monde entier écoute. Et personne dit c’est bête. Si tu chantes en français comme a fait Halliday « je t’attends » là on compte le nombre de fois qu’il le dit. Lorsque Sting chante son titre on ne compte pas le nombre de fois qu’il dit « So lonely ». Et pour les Américains et pour avoir discuté un bon nombre de fois de ce sujet avec des Américains cela ne leur pose aucun problème et nous ça nous pose un problème de culture. Les Américains vont directement au but et ne travaille que plus sur le rythme et l’émotion alors que nous en plus on a besoin d’un sens alors qui si on pouvait se libérer de ce sens, on aurait pas du tout de problème non plus.
Dans le slam on parle musicalité des mots c’est-à-dire le mot lui-même en lui-même est porteur de son. Ce sujet est très intéressant parce qu’il est vaste et chaque réflexion peut amener à rebondir sur ce qu’est la vie.
D’autre part, j’ai eu une expérience avec la musique électronique car j’ai eu l’occasion de travailler avec Laurent Wolf DJ sur l’album « no stress ». On retrouve aussi dans la house des voix puissantes, un son puissant et une rythmique largement mise en avant. Je ne vais pas développer ici toute la conception de la musique électronique mais dans ce cas précis j’ai chanté en faisant des vocalises. Il n’y avait donc pas de texte, de mots. Le titre de la chanson était « I pray », je prie. Ce travail fut particulièrement intéressant puisque tout devait être dans l’émotion qui se dégageait, une autre forme d’expression vocale. Cela dit j’ai bien senti qu’il me manquerait les mots si je devais chanter ainsi trop souvent. Je repense donc au « yaourt » à la langue Anglaise…à la langue Française…
À l’âge de 24 ans j’avais décidé de prendre des cours de batterie (école Agostini). On m’a bien entendu dit aussi qu’une femme ne pouvait pas jouer de la batterie comme un homme. Ça tombait bien puisque je ne comptais pas devenir un homme !
Je dois bien parler de cet aspect puisque je suis une femme certes ayant évolué dans un milieu masculin mais je n’ai jamais voulu ressembler aux hommes qui faisaient du rock, du rap. Donc il a fallu faire sa place en restant soi même. Bien entendu j’ai eu à adopter les codes et surtout ne pas être trop susceptible.
J’intègre le groupe Dee and the Zepp. Power trio Rock, rap and soul. Encore autre chose ! Je me retrouve à la batterie. Nous sommes en 2007. Composition du groupe : un rappeur bassiste Dadoo ancien membre du groupe de Rap KDD qui a aussi travaillé pour des musiques de films et Joey Starr pour la réalisation d’un de ses albums. Un guitariste Alain Lasseube dont on a parlé et moi-même à la batterie. Là, le principe était de composer des morceaux dans l’improvisation du moment. C’est-à-dire que quelque fois les improvisations pouvaient durer une heure voire plus sans interruption et sans parole ! Je me souviens d’une session de sept heures d’improvisation avec quelques pauses toutefois et quelques crampes suivront dans la nuit !
J’ai pu m’apercevoir dans cette « méthode » que finalement sans se parler nous trouvions des terrains d’ententes musicales. Ce fut un formidable mélange de rock rap and soul et tout l’album sera composé en improvisation live.Il sera signé par Francis Dreyfus. Le groupe participa fin 2010 à un projet tout aussi enrichissant qui fut de mélanger le classique et le rock .Le groupe et un quatuor à cordes. Mixage de Mozart, Bartók, Jimmy Hendrix, Led zeppelin entre autre.
Pour moi, c’est la meilleure façon de composer car on se détache de tout et dans ce cas précis cette manière de chercher dans la durée et de repousser les limites permet un lâcher prise. Le temps c’est important !
Le mot qui vient à mon esprit maintenant est liberté. Finalement, le point commun de toutes ces expériences de tous ces styles c’est sans doute la liberté. La musique est une aventure !
Je n’ai pas cherché à grandir injustement le rock, le rap… à privilégier un thème plutôt qu’un autre. J’ai procédé comme je le fais pour la musique par l’exploration. Ce fut une aventure intérieure. Certes les côtés « négatifs » de ces courants musicaux n’ont pas été abordés. D’ailleurs, à ce propos, lorsque parfois dans certaines collaborations musicales plus difficiles que d’autres, mon très cher ami et guitariste virtuose Alain Lasseube et avec qui j’ai partagé bon nombre de ces expériences m’a toujours dit (et parce que c’est un rockeur au cœur tendre !) « Il faut toujours regarder ce qu’il y a de positif chez l’autre avant toute chose », cette phrase me revient souvent en tête y compris dans la vie de tous les jours et m’a aidée à m’éloigner de certains préjugés. C’est du coup une belle façon d’établir la relation. Tiens je pense encore à la musicothérapie !
Il était cependant vu l’étendue du sujet « Du Rock au slam…le corps, le son, le souffle et la voix » et le temps imparti d’aborder tous ces points dans le détail. Je me suis demandée si dans la manière de traiter ce sujet je ne cherchais pas à donner une légitimité à tous ces courants ou bien carrément à mon parcours .Mais à la réflexion il m’a semblé plus utile de pointer au travers de ma pratique, de mes expériences et plutôt que de décrire en détail des expressions musicales, toute la richesse du « terrain ».Et ainsi au final mon attention se sera portée sur les relations, la communication.
La place « Du rock au slam » à Sylvanès n’est-elle pas aussi un témoignage de partage ?
Finalement je trouve évident après cette aventure intérieure mon intérêt pour la musicothérapie. Je n’aurais sans doute pas traité le sujet de la même manière si je n’avais pas été musicothérapeute et c’est sans doute ce parcours qui m’a menée vers la musicothérapie.
On s’attachera à montrer, pour justifier la musicothérapie que tous les éléments qui constituent la musique et la musique elle-même ont un rapport constant avec l’histoire de l’individu. On peut définir la musicothérapie comme étant l’utilisation des éléments de la musique (rythme, son, mélodie, harmonie) et, bien entendu la musique elle-même afin d’ouvrir des canaux de communication. Nous avons constaté que bien souvent en parlant de musique il émerge autre chose : l’isolement, la communication, la relation, le partage, l’expression, l’écoute, le respect comme si finalement la musique n’était que prétexte.
La musique ne dit rien, elle ne parle pas, « elle nous parle », « on la fait parler » et elle nous fait beaucoup parler et surtout vibrer.
juste pour faire un petit clin d’œil aux bérus, rock punk, que j’écoute depuis 30 ans, sans me lasser ni de leur son ni de leur textes!!
très marqué par le style vestimentaire « militaire », crâne rasé, rangers…
chansons engagées et toujours d’actualité!!!