Merci à Mr LAJUS pour cet article mis à disposition gratuitement pour les adhérents du Pirem (paru dans la revue Musique Thérapie et Communication n°56)
DEUX SAISONS D’ATELIERS DE MUSICOTHERAPIE PARMI DES CURISTES-PATIENTS ATTEINTS DE FIBROMYALGIE. HÔPITAL THERMAL DE DAX, MAI 2012/DECEMBRE 2013 + THERMES BÉROT 2013
par Vincent LAJUS, musicothérapeute.
Fibromyalgie :
Le mot « fibromyalgie » vient du latin fibra (« filament »), du grec ancien myos (« muscle ») et du grec ancien algos (« douleur »). (sources Wikipédia)
La fibromyalgie, ou syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID), après avoir été considérée comme un syndrome, est une maladie caractérisée par un état douloureux musculaire chronique (myalgies diffuses) étendu ou localisé à des régions du corps diverses, qui se manifeste notamment par une allodynie (douleur) tactile et une asthénie (fatigue) persistante et pouvant devenir invalidante.(source Wikipédia)
Les multiples causes non encore expliquées clairement provoquant les symptômes et développement de la fibromyalgie seraient longues à exposer dans cet article, tellement les avis sont nombreux et non tranchés sur la question. Le fait est que si beaucoup y voient une cause non génétique, ses nombreuses variantes ne permettent pas à l’heure actuelle de cibler clairement les maux à leur(s) source(s) ; d’où le terme de syndrome usité jusqu’à présent plutôt que maladie, même si la reconnaissance du mot maladie est maintenant acquise.
De nombreuses analyses médicales effectuées auprès des patients ne démontrant non plus rien de significatif quant à l’origine du SPID, la question reste ouverte quant à une hypothétique guérison de la personne.
Ceci a pour conséquence de diversifier les pistes qui pourraient soulager certains individus et de multiplier les approches thérapeutiques, chaque discipline, allopathique, émotionnelle et cognitive se complétant afin d’améliorer l’état général de la personne.
Je pourrais néanmoins citer quelques familles de symptômes comme :
• Les douleurs, diffuses ou localisées
• Une fatigue intense
• Des troubles du sommeil
• Des troubles neurologiques divers
• Un état dépressif
• Des troubles du système digestif
• Des troubles de la concentration, etc…
Les personnes atteintes de fibromyalgie souffrent donc de multiples affections chroniques qui les handicapent lourdement dans leur quotidien, dans leur relation avec leur corps, leurs émotions et leur psychisme.
Préambule
Grâce au dévouement et à l’ouverture d’esprit des membres de l’association « Le Temps à Vivre » œuvrant au sein de l’Hôpital Thermal de Dax (40), j’ai eu la possibilité de préparer une série d’ateliers de musicothérapie destinés à inter-agir avec des personnes en cure de trois semaines (21 jours) ; la contrainte principale étant le peu de temps qui m’était imparti pour rentrer en relation avec ces personnes, soit un atelier collectif d’une heure par cure.
Un questionnaire a été établi et remis aux personnes désirant participer afin de réaliser une étude durant les années 2012 et 2013.
Le nombre de participants à chaque atelier a varié entre 10 et 17 personnes tout au long de la saison 1 (de Mai à Décembre). La deuxième saison, un maximum de dix personnes a été mis en place.
Le même questionnaire a été remis aux participants des ateliers qui se sont déroulées aux Thermes Bérot de Dax en 2013, et inclus dans cet article.
Voici donc relatés les objectifs mis en place, avec les protocoles, les tableaux de résultats, ainsi que l’expression de réponses qui m’ont été retournées.
2012 : OBJECTIFS ET PROTOCOLES
Parmi les multiples symptômes que présentent les patients-curistes de l’Hôpital Thermal de Dax, j’ai choisi d’axer mes ateliers sur trois objectifs de travail :
1. La qualité du sommeil,
2. La capacité de concentration,
3. L’expression émotionnelle.
J’ai minuté le déroulement des ateliers comme suit durant l’année 2012 :
• de 0mn à 10mn : travail sur la respiration, le relâchement et la visualisation,
• de 10mn à 50mn : travail sur l’expression vocale + bols tibétains,
• de 50mn à 1h00 : essai de verbalisation et présentation du questionnaire.
1 Travail sur la respiration, le relâchement et la visualisation
Le cadre :
Les participants sont assis sur des chaises ou en fauteuil roulant, en demi-cercle autour d’une table où sont disposés quatre Bols Tibétains. Les rideaux sont tirés afin d’obtenir une pénombre propice à l’introspection.
Le déroulement :
Je leur propose de fermer les yeux.
La première phase consiste en un exercice de décontraction par de tout-petits mouvements (pour ceux qui le peuvent) des principales articulations et muscles, à savoir de bas en haut :
les doigts de pieds, les chevilles, les genoux, la partie cuisse-fémur, le bassin (les hanches), le bas de la colonne vertébrale, le torse, les doigts, les poignets, les coudes, les épaules, les cervicales (le cou), la mâchoire puis la tête.
Les personnes ne pouvant mouvoir telle ou telle partie de leur corps physique sont invitées à simplement les visualiser.
Ensuite, les mains reposent sur les cuisses, parallèles.
La phase suivante consiste en une série de trois à cinq respirations profondes, l’inspiration se faisant par le nez et l’expiration par la bouche.
Chacun est invité à faire cet exercice à son propre rythme, sans tenir compte de celui du voisin.
Pour atteindre une bonne technique, je préconise pendant l’inspiration de visualiser son ventre qui se gonfle lentement en direction des pieds. Le ventre se vide pendant l’expiration, tout aussi calmement et profondément.
Deux techniques complémentaires permettent d’optimiser ce mouvement.
La première consiste à marquer une courte pause en apnée deux à trois secondes (pour les débutants) entre chaque phase d’inspiration et d’expiration.
La seconde consiste à visualiser l’air qui entre, fait son parcours jusqu’au ventre et ressort en filet en lui donnant une couleur, dorée par exemple.
Cet exercice permet une baisse notable de la pression sanguine et un ralentissement du rythme cardiaque, tout en recentrant la personne sur elle-même.
Il peut être pratiqué à tout moment, lors d’une période de stress ou de sensibilité douloureuse, par exemple.
Mais aussi lors du coucher, avant la phase d’endormissement, afin d’évacuer la ou les situations émotionnellement difficile(s) de la journée écoulée.
De plus la personne peut aussi visualiser l’objet de son stress (image, douleur localisée, situation, individu, ressenti, etc…) au niveau de l’estomac, et profiter du passage de l’air à ce niveau à l’expiration pour évacuer ce point, cette image en même temps que l’air.
Répéter l’opération autant que nécessaire, dans la limite où la tête ne tourne pas trop.
Les yeux se rouvrent. Ceux qui le désirent peuvent continuer la séance « en aveugle ».
2 Travail sur l’expression vocale + Bols Tibétains
Après cette première partie, je propose aux participants de vocaliser la lettre « A », sur les même notes qu’émettent les quatre Bols Tibétains que j’ai disposé sur la table, au centre du demi-cercle constituant le cadre de l’atelier.
Les Bols sont accordés comme suit : le plus grave émet la tonique, le deuxième la tierce (majeure), le troisième la quinte augmentée, et le dernier la neuvième ou seconde, suivant l’octave choisi pour vocaliser.
Pour commencer cette deuxième partie, je propose de juste prononcer cette lettre « A », en relâchant complètement la mâchoire, un peu à la manière du « loup de Tex Avery », et de laisser l’air sortir de lui-même, sans forcer d’aucune façon. L’opération est répétée plusieurs fois.
Vient ensuite la vocalisation proprement dite, sur la note du Bol le plus grave, celui de la tonique. Vocalisation qui sera douce, de faible niveau sonore, afin que chacun puisse entendre sa propre voix. Les Bols sont joués à la mailloche feutrée.
Une consigne accompagne toute cette partie. Elle consiste en une demande à chacun d’essayer de ne pas calquer son rythme de chant et de reprise sur la respiration de son voisin, mais de suivre son propre rythme de respiration de façon à obtenir de la part du groupe un effet de son continu, circulaire, ininterrompu.
Première difficulté en général, la différenciation d’avec autrui et l’écoute de soi se révèle problématique pour certains.
Il est arrivé souvent que des personnes n’osent pas chanter du fait de leur croyance en ce qu’elles estiment chanter « faux ». Je les rassure en leur disant que ce n’est souvent qu’un problème de retour-son, comme on dit dans le jargon musical, et que de toutes les façons, cela n’influe en rien l’efficacité de l’exercice.
Je leur fais donc placer une de leurs mains légèrement décollée (3/5 cm) entre l’oreille et la bouche, puis déplacer légèrement celle-ci jusqu’à obtention d’un écho efficace, leur permettant de bien mieux s’entendre.
Cette technique résout en général le problème.
Après avoir passé deux ou trois minutes sur cette première note (suivant l’intensité des expressions), je leur propose de passer à la deuxième (la tierce), puis répète ainsi l’opération avec la quinte augmentée, jusqu’à la dernière note du quatrième Bol, la neuvième.
Arrivé à ce point de l’atelier, je demande à chacun de faire silence, de s’intérioriser, de s’écouter.
J’explique que pendant ce silence ou bien pendant les prochains tours de vocalises peuvent subvenir des images, des situations, des sons, des ressentis, qu’ils pourront essayer d’exprimer consciemment dans ce « A » qu’ils projetteront au fil de l’atelier.
Cette période de silence dure trois/quatre minutes en général et est suivie d’une petite réflexion concernant l’avantage de s’octroyer de telles pauses dans son quotidien, afin de s’intérioriser pour peut-être mieux percevoir ses ressentis sur un moment donné, ou à posteriori.
Le deuxième tour de chant se déroule selon le même principe que le premier, à ceci près que je propose aux participants de mettre plus d’intensité dans leur expression. Les Bols sont joués à la mailloche feutrée et au maillet court à feutrine.
Il est à noter que certaines personnes harmonisent d’elles-même les notes proposées, ce qui facilite l’harmonisation du chœur.
A la fin de ce deuxième tour, je propose le silence et fais sonner les bols en decrescendo rythmique et volumétrique.
Le dernier tour de vocalises est libre, chacun choisissant la ou les notes qu’il veut vocaliser, la seule consigne étant de mettre toute son attention dans l’expression consciente de ses émotions, de ses ressentis, avec force volume et intensité. Les Bols sont joués à la mailloche caoutchoutée et au maillet court à feutrine.
Généralement, une belle bulle est créée, gonfle, puis s’éteint d’elle-même après un crescendo final, tout le monde s’arrêtant de chanter en même temps, de concert.
Je laisse résonner les Bols jusqu’au silence. J’installe un temps de silence plus ou moins long suivant l’intensité du moment ressenti, puis déclenche la « procédure d’atterrissage ».
Celle-ci consiste en une reprise de conscience de son corps, de son poids, de sa pesanteur à travers de petits mouvements des principales articulations, de haut en bas, en faisant bouger la tête, la mâchoire, le cou, les épaules, les coudes, les poignets et les doigts, pour ce qui est des membres supérieurs.
Puis le torse, le bas de la colonne vertébrale, le bassin (les hanches), les cuisses, les genoux, les chevilles et les doigts de pieds.
Il n’est pas rare que certaines personnes s’endorment pendant l’atelier du fait de l’important relâchement provoqué par les exercices. Je leur porte une attention particulière au moment de leur retour à la phase réveil.
3 Essai de verbalisation et présentation du questionnaire
Pour terminer l’atelier, je demande aux participants si quelqu’un veut verbaliser son ou ses ressenti(s).
Ensuite, je leur présente le questionnaire que j’ai mis en place, afin qu’il puissent réfléchir pour le mieux, ou du moins se remémorer les quelques minutes passées lors de cet atelier.
Voici les questions qui y figurent ainsi que l’expression des réponses obtenues.
QUESTIONNAIRE
ATELIER FIBROMYALGIE
HÔPITAL THERMAL – DAX 2012
Sur un nombre de participants total d’environ 150 personnes aux ateliers durant la saison, 14 questionnaires ont été retournés.
La fréquence des ateliers a été d’une heure par cure de 21 jours.
Voici en tableau, l’expression de ces réponses, de ces ressentis, ainsi que le pourcentage d’évolution dans une progression temporelle – avant l’atelier (av), le lendemain de l’atelier (a+1) et le ressenti à sept jours (a+7)) par les personnes présentes aux ateliers.
La progression générale de chacun a été calculée ainsi que celle de l’ensemble du groupe.
Pour une meilleure vue d’ensemble, les réponses sont exprimées en pourcentages.
Question 1 – Sommeil :
Comment ressentez-vous la qualité de votre sommeil et de votre récupération, sur une échelle de 0 à 10 ?
0 – correspondant à l’insomnie, 5 – à une « bonne nuit », 10 – à une nuit de profond sommeil, avec une sensation d’avoir totalement récupéré.
Question 2 – Concentration :
Comment ressentez-vous vote capacité de concentration, d’attention, sur une échelle de 0 à 10 ?
0 – correspondant à une très grande difficulté à écouter autrui, à lire avec attention, 5 – correspondant à être obligé(e) de faire un effort pour se concentrer (lire, écouter), 10 – correspondant à avoir de la facilité à fixer son attention, perception globale, sens aiguisés.
Question 3 – Expression :
Comment définiriez-vous sur une échelle de 0 à 10 votre expression, votre facilité à communiquer avec autrui ?
0 – correspondant au mutisme et à la non-communication, 5 – à une communication limitée avec autrui, 10 – à une sensation de facilité à vous exprimer avec confiance.
Question 4 – l’atelier :
Quel est votre ressenti quant à cet atelier de musicothérapie en général, en vous remémorant les sensations que vous avez pu, ou non, éprouver pendant cette heure ?
Sur une échelle de 0 à 10, 0 – correspondant à l’indifférence la plus totale, 5 – à de l’intérêt sans plus, 10 à une découverte appelant à une poursuite de l’expérience.
Analyse du tableau :
Dans un souci de méthodologie, je partirais du particulier pour arriver au général.
La question Q1 concernant la qualité du sommeil et de la récupération indique une moyenne générale positive de 18% chez les participants ayant renvoyé le questionnaire. Un exemple significatif, dans le sens où certains des participants démarrant de 0% (av) (insomnie) parviennent à retrouver du sommeil durable de qualité moyenne (a+7), puisque égal ou supérieur à leur ressenti le lendemain de l’atelier en a+1.
Une seule personne parmi les réponses (n°3) a semble-t-il estimé que dans la durée son sommeil déclinait en a+7, mais d’une part, c’est un extrême – en négatif, comme peut l’être le même cas en positif (n°14), et la moyenne sur les 3 durées la situe à 60%, pourcentage final de son ressenti.
Le fait qui me semble significatif reste au niveau des « petits » pourcentages qui sont en nette amélioration (n°1, +40%, n°5, +20%, n°10, +40%, n°12, +40%, n°14, +50%). Ceci tendrait à révéler un certain effet de l’atelier sur leur capacité à retrouver le sommeil en général.
La question Q2 concernant l’attention, la capacité à se concentrer révèle une moyenne positive générale de 8%. On pourra remarquer que l’effet de l’atelier n’indique pas de baisse de pourcentage particulier en ce domaine. Notons quand même une nette amélioration ressentie chez les n°1, +30%, n°2, +30% et n°10, +20%. Une réponse manque sur a+7 (n°12).
La question Q3 concernant la facilité d’expression dénote une augmentation générale du pourcentage chez les participants de 10%. Ici non plus, aucune personne ne semble indiquer une baisse de sa capacité à s’exprimer. A noter une nette amélioration chez les n°1, +40%, n°2, +40%, n°6, +20% et n°8, +20%.
La question Q4 concernant les ressentis par rapport à l’atelier en lui-même indique une moyenne générale positive de 13% chez les participants. On ne constate pas là non plus de baisse quand à l’intérêt des gens pour l’atelier. Certains notent une augmentation certaine de leur intérêt (n°2, +40%, n°10, +30%). Une réponse manque en a+7 (n°8).
La moyenne générale de l’étude 2012 : nous pouvons constater que tous les pourcentages ont augmenté entre 8% (Q2) et 18% (Q1) entre la veille de l’atelier (av) et la fin de la semaine suivant ce même atelier (a+7) chez les participants ayant répondu au questionnaire et l’ayant renvoyé, ce qui est somme toute très positif quand à l’utilité d’intégrer des atelier de musicothérapie dans une approche globale du syndrome fibromyalgique.
2013 : OBJECTIFS ET PROTOCOLES
Le cadre et la périodicité des ateliers sont identiques à ceux de l’année 2012. Le nombre de participants a été limité à 10 personnes par atelier.
Afin de continuer l’étude commencée en 2012, les objectifs de travail 2013 restent les même :
• La qualité du sommeil,
• La capacité de concentration,
• L’expression émotionnelle.
Ayant décidé d’expérimenter un nouvel exercice cette année tout en gardant l’expression vocale avec les bols et en variant un peu ce dernier, j’ai minuté le déroulement des ateliers comme suit durant l’année 2013 :
• de 0mn à 20mn : travail sur l’exploration des émotions en se servant du prénom,
• de 20mn à 50mn : travail sur l’expression vocale + bols tibétains,
• de 50mn à 1h00 : essai de verbalisation et présentation du questionnaire.
1 Travail sur l’exploration et l’expression des émotions à travers le prénom.
Pour ce premier exercice, je me suis inspiré d’un jeu actif pratiqué avec Christian Hayet lors de ma formation à l’ASAM, appelé alors « Phrase dite selon l’humeur ». Plutôt que de prendre une phrase, j’ai préféré cette fois jouer avec le prénom de chacun, afin de personnaliser de façon plus directe l’expression des émotions proposées. Est-il besoin de préciser que le prénom de chacun sera une des composantes de notre personnalité profonde ?
De plus, le fait de prononcer son prénom pouvait faire résonner aussi bien un vécu personnel prononcé qu’un son entendu prononcé par autrui, et donc renvoyer à différentes nuances (peut-être) plus subtiles qu’une phrase neutre. Ces expressions de soi ont aussi la possibilité d’être imaginées, créées, situées dans différents contextes (lieu, temps et situations) afin d’expérimenter ce que serait notre réaction « par rapport à », tout en gardant le prénom pour base afin de nous identifier au mieux.
Le déroulement :
Est proposé à chacun à tour de rôle de dire son prénom en exprimant diverses humeurs, diverses émotions et ressentis. Commence qui veut et on continue par le voisin de gauche.
Ont été proposées les expressions de soi suivantes (liste non-exhaustive et en ordre indéfini) :
La joie, la tristesse, la peur, la tendresse, la surprise, en chantant, poétique, la frustration, la fatigue, en déclaration d’amour, sautillant, timide, avec le mal aux dents, avec le mal au dos, en mangeant, en criant, en riant, en colère, scandé, en exprimant un mal qui appartient à chacun (y revenir plusieurs fois si nécessaire), en petit enfant, en exprimant la guérison, etc…
Cet exercice s’est révélé très apprécié des participants, de par la bonne humeur générale qui s’en dégage, le sentiment de groupe malgré le caractère personnel des ressentis, et l’intense exploration personnelle – mais aussi les blocages pour certains, qui en découlent.
2 expression vocale + bols tibétains
Par rapport à l’année précédente, la principale différence a été de proposer à chacun le libre choix de la note à vocaliser, de façon à ce que la concentration puisse s’optimiser dans l’intention. Cette liberté a permis à chacun de se focaliser plus efficacement sur l’expression de ses ressentis à travers une ou plusieurs notes selon son choix.
Mon rôle a consisté, outre le jeu en évolution avec les bols, à harmoniser vocalement les différents notes proposés par les participants, de façon à varier les modes, les volumes et les rythmes, tout en respectant l’expression du groupe.
Le déroulement :
Nous commençons à vocaliser sur le bol le plus grave (basse) pendant quelques minutes, laissant se créer une harmonie qui soudera l’expression du groupe et donnera la confiance à chacun pour gagner en liberté.
Lorsque le ressenti est clair sur l’arrêt prochain des voix, nous passons au bol suivant (baryton). Au bout d’un moment, j’y inclus le bol basse pour enrichir l’harmonie.
L’opération est répétée ensuite pour inclure le bol ténor, et enfin le bol alto.
Arrivés à l’apogée des expressions quant à l’intensité, l’harmonie et le volume, les participants du groupe s’arrêtent d’eux même, en même temps, d’un accord tacite. Je laisse résonner et installe un silence plus ou moins long.
L’atterrissage est effectué de la même manière que l’année précédente.
3 Essai de verbalisation et présentation du questionnaire
Pour terminer l’atelier, je demande aux participants si quelqu’un veut verbaliser son ou ses ressenti(s).
Ensuite, je leur présente le questionnaire que j’ai mis en place, afin qu’il puissent réfléchir pour le mieux, ou du moins se remémorer les quelques minutes passées dans cet atelier.
Analyse des tableaux – Hôpital Thermal :
Q1 – Sommeil : Les résultats obtenus pour cette partie concernant la qualité du sommeil et de la récupération semblent conforter les données obtenues lors de l’année précédente, à savoir que l’expression des réponses montre une nette amélioration de ces deux critères à hauteur d’une progression positive de 20 % pour 2013, soit une progression de + 19 % sur l’ensemble des deux années 2012 et 2013.
Q2 – Concentration : Concernant la question de l’attention et la capacité à se concentrer, 2013 est en nette augmentation par rapport à 2012, passant de 08 % à 15 %, soit presque le double. Je reviendrai sur cette progression dans la partie finale de l’analyse* de ces deux tableaux. L’ensemble des résultats sur ces deux années indique une progression de la qualité de ces critères en moyenne de 11 %, sans affaiblissement de la courbe en durée, ce qui est notable.
Q3 – Expression : Concernant la facilité d’expression, la fluidité du processus allant d’une intuition, d’une idée à une verbalisation consciente, on peut aussi constater une nette progression sur l’année 2013 par rapport à 2012, partant de 10 % pour arriver à 16 %. Les progressions spectaculaires des n°3, 9, 11 et 12, tendraient à valider l’effet positif des séances de musicothérapie pour ces critèresci. La moyenne de progression sur les deux années s’établit à 13 %.
Q4 – l’atelier : Concernant les ressentis par rapport à l’atelier en lui-même, l’intérêt des personnes ayant répondu au questionnaire indique une moyenne identique sur les deux années, 13 %.
Témoignages :
Quelques lignes d’expressions écrites ont été laissées à la disposition des participants à l’étude pour qu’ils puissent transcrire leurs ressentis. Voici quelques témoignages qui me semblent intéressants.
Mme G. « Sommeil plus calme, moins entre-coupé de réveils et suis plus détendue. »
Mme D. (n°12 -2012 – insomnie) : « Avant la séance (25 Mai 2012), je ne dors pas malgré le traitement. Le lendemain matin (26 Mai 2012), j’ai l’impression que la séance m’a permis de décompresser un peu. J’ai mieux dormi et me sens moins … (illisible). (01 Juin 2012) Commence à réussir à dormir, mais trop submergée par prise de conscience qui est venue le jour de l’atelier et qui … trop tard que je n’aurai pas de me séparer de … (Q4) Très grande découverte avec une envie de continuer. Dommage que je n’ai pas pu en faire avant. Une séance ne suffit pas.
Il est à noter que l’écriture de Mme D. est du fait de sa maladie très difficile à déchiffrer, mais qu’elle s’améliore au fur et à mesure de ses réponses dans le temps (av, a+1, et a+7).
Mme B. (responsable de l’association qui m’employait au sein de l’hôpital) : « Après l’atelier, à la fin de l’heure : sensation d’apaisement, de détente. Pendant l’atelier les sons des bols tibétains entraînent une résonance bienfaitrice dans le corps qui permet le lâcher-prise. À sept jours en effet, meilleure nuit avec sensation de récupération. »
Mme M. « La technique de respiration semble aider à l’endormissement. » « Cela m’a permis de prendre une certaine distance avec les aléas de la vie en collectivité. »
Mme X. « Au cours de l’expérience, j’ai pu découvrir toute la colère que j’avais encore envers une personne décédée. »
Mme X. « J’ai dormi deux nuits sans cachets. »
Mme A. « Après l’atelier, j’étais comme apaisée. J’ai pu dormir rapidement sans réveils nocturnes. »
Mme G. « Après l’atelier, je dormais plus paisiblement et je trouvais le sommeil plus rapidement. » « Cet atelier m’a apporté de la détente, de la relaxation, fait ressortir les émotions. C’est la deuxième fois que je participe et cela me fait du bien moralement et physiquement. »
ATELIERS THERMES BÉROT 2013
J’ai choisi de joindre à l’étude réalisée à l’Hôpital Thermal celle des Thermes Bérot 2013, toujours avec une population fibromyalgique, afin de compléter ce premier travail par l’exemple d’une session de deux ateliers consécutifs, à raison d’une séance par semaine.
Les cadres, objectifs et techniques employées restent identiques à celle de l’Hôpital Thermal 2013.
Ce qu’il me semble intéressant de noter – outre le fait que les résultats de l’Hôpital Thermal sont encore une fois confortés, est l’élévation de la moyenne des ressentis en positif, ce qui semblerait démontrer l’efficacité de la musicothérapie dans une indication de rythme hebdomadaire par rapport à la périodicité de l’Hôpital Thermal.
Un autre fait est l’augmentation du pourcentage de départ entre la première et la deuxième semaine.
Témoignages :
F. 1er questionnaire :
« ayant participé deux fois à l’atelier. La seconde nuit, j’ai bien dormi mais rêves agités. La nuit suivante a été complète 11h à 07h – ai oublié les rêves !!! le lendemain, étais complètement détendue. » « Attendais avec impatience second atelier. Détente musculaire progressive, avec très grande aisance le Mercredi lors de la gym en plein air, surtout tout le haut du corps (bras, épaules, cervicales). »
F. 2ème questionnaire :
« Depuis la cure et l’atelier de musicothérapie, j’ai un très bon sommeil rarement entrecoupé de réveils. Si réveil, j’arrive à me rendormir assez vite en travaillant sur la respiration et en « imaginant » le son musical, bien que couchée. Je pars des pieds vers la tête – et me rendors. Rarement rêves dérangeants (souvent dans mes rêves je me perds ou rate un train, me trompe dans un croisement, etc…). J’ai dû n’en faire que deux depuis ces ateliers. Je pense que cela doit être lié au bien-être. Quand j’habiterai sur Rennes, je chercherai à avoir accès à la musicothérapie. Merci pour cette découverte. »
CONCLUSION
L’analyse moyenne des résultats sur ces deux années au sein de l’Hôpital Thermal de Dax – complétée par celle des Thermes Bérot, pourrait indiquer plusieurs axes de réflexions.
D’abord, il devient difficile de dire que les ateliers de musicothérapie n’apportent rien à la personne, puisque la répétition ou progression des moyennes d’une année sur l’autre sur une durée de temps définie se trouve confortée, notamment dans la phase qualité du sommeil et de la récupération (+19%).
Pour bon nombre de participants, ces ateliers semblent aussi avoir facilité leurs capacités à se concentrer (+11%). J’attribuerais la progression entre les deux années ( * de +08 % à +15%) à l’inclusion de l’exercice à base de prénoms qui permettrait à certains d’exprimer des émotions qu’ils redécouvriraient ou n’auraient pas eu l’occasion d’exprimer jusqu’à ce moment-là, en s’y identifiant de manière forte de part l’usage de leur nom premier.
De même que cette possible libération émotionnelle allégerait leur capacités à s’exprimer avec plus de facilité (de +10 % à +16%).
Enfin, l’intérêt des participants pour la découverte de la musicothérapie et son application dans un processus thérapeutique n’en sortent que renforcés, la plupart des personnes ayant à priori une bonne opinion sur la discipline, même si leurs conceptions de la musicothérapie étaient avant l’atelier pour la très grande majorité en dehors du cadre. Continuons à communiquer…
Bien sûr, l’expression des réponses est le fait d’un ressenti de la personne, ressenti difficilement quantifiable. Une raison de plus pour rester prudent quand à une possible interprétation qui pourrait se révéler hasardeuse.
Restons-en au factuel et le fait est que la grande majorité des personnes ayant répondu au questionnaire ressentent un bien-être supérieur à celui qu’elles pouvaient ressentir avant de participer aux ateliers de musicothérapie. Ceci est déjà un point sur lequel s’appuyer pour recommander l’utilisation de la musicothérapie dans l’approche globale de la fibromyalgie.
L’étendue des connaissances acquises n’est surpassée que par la somme des expériences à découvrir.
Le fait de multiplier ces expériences depuis ces ateliers m’a conforté dans l’idée de l’importance, non seulement d’une remise en questionnement permanente évidente, mais aussi de l’importance du partage de ces expériences au travers d’échanges avec des personnels compétents de multiples disciplines, dans une synergie positive et hautement stimulante.
Je pense que la musicothérapie a une place à tenir dans une approche pluridisciplinaire de la maladie ou du handicap en général, en institution ou ailleurs, de par l’approche originale et unique (la musique) de la gestion des états émotionnels de la personne qu’elle propose.
Je terminerai sur une note d’optimisme. Je crois que nous avons la chance de vivre l’époque où les théories les plus archaïques (et non dogmatiques) sur les effets du sonore et de la musique en particulier sur l’être humain, se trouvent confortées par l’arrivée de techniques d’imageries médicales de pointe. Ces techniques permettent à de nombreux chercheurs – je citerai les travaux du Pr Mottron, de Brigitte Chamak, du Pr Isabelle Peretz par exemple – de publier de nombreuses études démontrant l’efficacité de la musique – et de la musicothérapie, comme médiateur et méthode thérapeutique.
Tout ceci est je le crois de très bonne augure pour l’amélioration de la prise en charge des personnes en souffrance et par ricochet pour l’avenir de la profession.