Métonymie : quelque chose de linéaire, succession de notes ou succession de sons. C’est aussi un déplacement.
Métaphore : renvoie à plusieurs couches : toutes les idées et références qui viennent à l’esprit. Métaphoriquement : cela me fait penser à…
On entend une musique : métonymie analogique, elle se déroule.
On reçoit cette musique, compte tenu que nous sommes des sujets pensants il y a digitalisation, métaphoriquement ça fait penser à quelque chose.
De même lorsqu’on pense à une chorégraphie.
Il est important d’avoir ces deux notions présentes à l’esprit car deux dangers guettent le musicothérapeute… la toute puissance et l’interprétation. Sur ce dernier point, il est évident que nous ne pouvons pas nous passer de penser, donc d’avoir des idées, « je pense que ceci veut dire… », mais il convient de vérifier par la suite que ces suppositions, ces interprétations sont correctes. D’où la nécessité de la répétition, de la succession, une suite.
Les chercheurs de Palo Alto ont mis en évidence divers types de communications perceptibles à savoir la communication de type analogique et la communication de type digitale (de digit en anglais)
On peut représenter un objet par un dessin (représentation analogique) ou le nommer (digitalisation). Geste attitudes mimiques intonation : communication analogique.
Communication digitale : au moyen de mots Seul l’être humain peut utiliser ces deux modes
La musicothérapie va essentiellement se constituer à partir du registre analogique par sa mise en acte avec pour objectif une digitalisation du message
Le quadrilatère de Rosolato
MD : métaphore digitale
MA : métaphore analogique
mD : métonymie digitale
mA : métonymie analogique
Rappel :
mA sera la lecture linéaire, descriptive, ce qui est audible, visible.
mD sera le discours, le codage musical, etc.
MA sera le domaine des situations, sonores, visuelles, olfactives, tactiles auxquelles renvoie le contexte actuel
MD sera le domaine des associations, des pensées auxquelles renvoie le contexte actuel
Le quadrilatère est dans « Éléments de l’interprétation » de Guy Rosolato (Gallimard, NRF, 1985, p. 92)
Exemple : au cours d’une séance un musicothérapeute a proposé à un enfant sans langage une structure rythmique (marquant ainsi sa présence) en frappant dans ses mains : … … repérage métonymique (vocalement : taptaptap taptaptap). Or la réalité sonore de cette structure rythmique était deux croches noire deux croches noire ; ce qui dans cette forme d’écriture est éminemment digitale (ce qui montre la difficulté pour le MT : la transcription d’une séance). CAD sur le plan gestuel il y avait (dessin des mains frappée) représentation analogique et sur le plan sonore ce que nous avons écrit bien sûr il y avait en MA la mélodie, et en MD sur le pont d’Avignon et aussi une multitude d’association qu’il traduisait plus ou moins dans un déplacement corporel. Tentation grande pour le MT de partir sur le registre de la chanson enfantine, sans vérifier ce qui est réellement perçu par le sujet. L’enfant frappe dans ses mains de façon désordonnée. Le MT abandonna sa structure (culturelle) pour passer dans registre utilisant intensités (fort/doux). L’enfant ne fait que suivre ses productions. Aucun code de communication n’était perceptible. Le quadrilatère permit de repérer que la situation demeurait sur un plan analogique, gestuel (les mains) et sonore. Le MT eut alors idée de ponctuer séquences de frappés par utilisation de la voix. L’enfant eut relation d’écoute et reprit sa production sur autre mode. Amorce d’ouverture de canaux de communication, à vérifier que les deux personnes sont dans registre de communication et non de stimulus réponse.
Le quadrilatère est un outil pour mieux comprendre la relation :
En musicothérapie on centre l’approche sur l’analogique pour parvenir à l’’expression langagière.
La voix : canal de communication extra sur plan analogique (simple son émis ayant trait au sensoriel), sur le plan digital (cohérence d’un discours codé avec des significations conscientes ou non). Sera porteuse d’un langage musical, artistique, codé (mD) éveillera sensations auditives similaires déjà vécues (MA) impliquera des associations de pensées concepts, la plupart du temps inconscientes (MD). (E. Soulier, La voix, un chemin pour rompre l’isolement, Non Verbal/A.M.Bx, 2009)
Interpréter dans le contexte non verbal : le passage obligé permettant aux individus de donner sens au contenu de leur relation est l’élaboration d’un code de communication (sorte de territoire commun entre eux). Cependant la connaissance du code et l’agilité à le manipuler diffère selon chacun. L’utilisation et les frontières du code sont plus ou moins déterminées par nos connaissances, notre personnalité, notre histoire, notre culture. Dans ces conditions, il est ordinaire que dans le langage verbal surgissent parfois des déboires communicationnels (c.à.d. des intercompréhensions incomplètes voire erronées). Mais par la faculté des individus à discourir sur le code (le métalangage) ces déboires sont plus ou moins rapidement résolus (c’est bien ce que tu veux dire ? le métalangage réanime en quelque sorte l’intercompréhension).
En situation de musicothérapie, ce fonctionnement métalinguistique ne s’exerce pas a priori. L’évaluation des signes sur lesquels nous nous appuyons pour établir un code de communication reste donc aléatoire. Tout comportement ou attitude a une valeur significative de communication : l’école de Palo Alto a précisé : « on ne peut pas ne pas communiquer ».
Rosolato a étudié les processus de signification dans le champ des représentations non verbales. Il nomme signifiants de démarcation l’opposé des signifiants linguistiques.
La communication dans son ensemble est à la fois verbale et non verbale et est plus complexe qu’on ne peut l’imaginer tellement il y a de parties sombres qui restent invisibles, nous échappent et sont très bien perçues par l’autre.